encore une fois, votre servante est allée s'aventurer dans des endroits louches avec le duo de choc parental...


je reviens donc cet après midi de paris, moulin rouge, après avoir fait un crochet par meaux pour voir la camarade aurélie, maman vient me chercher à la gare, et m'annonce qu'ils m'enmènent voir une expo privée (déjà rien qu'à entendre ça, je prends un air dubitatif) d'art soviétique... seulement voilà, ladite expo est organisée dans un quartier super prout prout de la ville, là où résident les pires ennemis du peuple, pour qui "couleur locale soviétique" rime plus avec caviar, blinis et vodka qu'avec appartement communautaire.
nous entrons donc dans cette antre capitaliste, nous ouvre une madame maquillée à la truelle, avec la panoplie complète "la versaillaise": brushing, couche de 7mm de fond de teint, rang de perles, jupe plissée. quand elle me fait la bise, je vérifie dans le miroir que j'ai pas de tache de fond de teint ou de rouge à lèvre fushia sur la truffe.
nous avançons, entrons dans le petit salon, où sont exposées "les oeuvres"; là, je ricane dans ma manche, une aquarelle représentant Lénine trône sur la cheminée en marbre du salon bourgeois, à côtée d'une floppée d'angelots en platre... on se croirait chez barbara cartland, rideaux roses, angelots, abats-jour roses avec des plumes et des fanfreluches, et Lénine, qui est là au milieu des eaux fortes représentant des lignes de chemins de fer, des champs où de vaillants paysans s'activent, et où paissent ânes et vachettes, c'est la bucolicité made in urss associée au mauvais goût d'une vieille bourge.
les autres invités tiennent plus du capitaliste de base que de l'ouvrier; les madames sont toutes très maquillées (il y avait une promo sur les truelles aux galeries lafayette), elles arborent fièrement leurs sacs lancel ou longchamp, leurs foulards hermès, purs produits de l'industrie socialiste...un monsieur vient taper la discute au galant de maman, il est chef d'entreprise, vient d'acquérir de nouvelles usines en roumanie, et a l'air plus enclin à soutenir le medef qu'à chanter l'internationale.

avec une pensée pour mes camarades tourni, marie, et superlili, qui rigoleraient bien de ce spectacle, je jette un dernier coup d'oeil au petit père des peuples toujours sur sa cheminée, et file vers la véranda; et oui, au moins ce coup-ci ils ont eu le bon goût de servir de la vodka...